Antipode
Alors que les sommets viennent de blanchir, je fais un petit retour sur le mois d’août.
En cette période estivale, dans la vallée, la chaleur est accablante, voire terrassante.
Un départ vraiment matinal s’impose pour monter sans craindre la chaleur, dans la fraîcheur que seule la montagne peut nous offrir.
« Fraîcheur » un mot qui fait bien sourire en ces temps de canicule ou plutôt qui fait rêver. Certains rêvent d’une bonne bière dans un verre en pleine condensation, d’autres pensent plutôt à une pièce climatisée ou à une douche froide qui ferait hurler en temps normal.
Ce mot, fût pour moi bien loin du rêve.
La montée s’est faite comme d’habitude, dans la chaleur de l’effort avec les quelques assauts froids venant des tumultes du torrent qui brassent sans cesse cette eau sortant des entrailles de la montagne, parcourant des frigos naturels.
L’effort de la montée gomme gentiment ces sensations contrastantes.
Monter, monter encore, mettre un pied devant l’autre à l’écoute de ce qui nous entoure, dans l’attente de la découverte aussi minime soit-elle, comme aussi grandiose peut-elle être également.
Je crois que le niveau de la découverte n’a aucune importance. Seul vaut le plaisir d’être touchée.
C’est souvent les pressentiments et l’envie qui guident ou bien une apparition lointaine ou furtive qui fera notre chemin.
Ce matin là, c’est une trace sur la gauche du sentier, dans les herbes hautes et humides qui nous happa.
C’est bon de suivre un sentier, mais que c’est meilleur de le quitter. Là, tout n’est que découverte et surprise.
La première à se présenter est un petit groupe de chamois surpris autant que nous.
Arrêt immédiat de part et d’autre.
Plus un mouvement si nous voulons profiter du plaisir de croiser nos regards le plus longtemps possible. Ils sont là, autour d’un rocher, à quelques mètres. Le plus proche tente même une intimidation, un test pour voir si nous allons fuir, attaquer ou si nous sommes simplement une chose qui ne bouge pas. Il nous toise, tape du pied en sifflant. Aucune réaction de notre côté. La méfiance et la crainte sont présentes du leur, mais nous sommes « une chose » avec un chien sans aucun mouvement. Le niveau d’alerte s’atténue, ils se détendent tout en gardant un oeil sur « la chose ».
Immobilité, plaisir de la rencontre et début de l’effet surprise. Surprise, justement inattendue.
Je ne m’étais pas rendu compte en plein mouvement et effort combien il faisait frais dans cette combe où en son creux coule une eau bien fraîche.
Habituellement, lorsque l’effet de fraîcheur ou froid se fait sentir, je mets aussitôt une épaisseur protectrice en plus pour le confort et le bien être. Là, impossible. Si je fais le moindre mouvement, ce petit groupe de chamois si proche et si surpris par notre présence, fuirait. Le bonheur des yeux dans les yeux était plus fort que le froid qui m’envahissait, jusqu’au moment où, le froid pris le dessus et écrasa ce moment magique.
Tant pis pour les chamois et vive le plaisir de gommer cette sensation froide qui devient trop intense.
A peine ai-je bougé un bras pour retirer mon sac à dos, que les chamois s’envolent aussitôt. Non, les chamois n’ont pas d’ailes pour s’envoler, mais leur légèreté, agilité toute en grâce, leur permet de déguerpir plus vite qu’un oiseau de poids qui tente de s’envoler. Le chamois est magique.
Il a une capacité respiratoire et cardiaque, cinq fois plus puissante que l’homme, ce qui lui permet de gravir les pentes avec une facilité qui me rend admirative.
Cet envol de chamois, ce confort retrouvé et le bonheur de cette rencontre, nous fit reprendre notre trace à la poursuite de la cueillette d’étincelles. Cueillette bonne et surprenante.
D’autres chamois jouaient en contre jour sur les falaises, se baladaient tout en escaladant des vires escarpées, qu’eux seuls ont le don d’emprunter.
Bien qu’en mouvement, le froid aidé du vent qui régnait en ces lieux ce jour-là était incroyable. On me l’aurait raconté, j’avoue que je n’aurais pas cru en son intensité.
Je regardais le soleil en comptant le nombre de mètres qu’il faisait en dix minutes sur le versant en face alors qu’il l’illuminait les parois petit à petit; même en avançant, il me fallait encore attendre une bonne heure avant que ses rayons m’atteignent.
Je me suis concentrée sur les beautés, les plaisirs environnants pendant qu’il continuait sa lente avancée vers nous.
C’est à ce moment là, qu’une belle surprise se produisit.
Un groupe de mouflons bascula sur notre versant. Je ne m’attendais vraiment pas à les voir ici. Plusieurs fois, nous avions été à leur rencontre, vainement. Aujourd’hui, ils se retrouvaient face à nous sans que nous pensions les croiser.
Voilà, un cadeau de plus.
Sur notre versant, une portion de montagne s’illumina. Le soleil basculait du bon côté. N’en tenant plus, je ne l’ai plus laissé avancer seul à moi, je suis allée à sa rencontre, réduisant ainsi le moment fatidique où nous allions nous rencontrer.
Je ne pense que cet instant ait de l’importance pour lui, mais pour moi, c’est l’instant bonheur où s’offrir à sa chaleur et sa lumière est un moment hors norme. Tout change, devient facile et grandiose à vivre ensuite.
Les rencontres, les instants se sont succédé ensuite, tout naturellement dans la douceur.
Comme toujours, arrive le moment où il faut redescendre, retrouver le monde d’en bas, les gens, le brouhaha et tout ce qui va avec.
Après cette phase si froide sans soleil, on n’imagine pas que plus bas la chaleur est toujours suffocante. On pense pouvoir la supporter et l’apprécier après ce froid matinal, mais à une altitude à peine plus basse, elle est là en opposition avec les instants vécus au lever du jour.
Dame Nature est toujours surprenante et c’est pour ça que je l’aime tant.
La routine est bien un mot qui ne la caractérise pas.
1- Amour maternel
(chamois)
****
2- Ombre chamoise
****
3-Duo matinal
****
4-Mouflons
****
5-Dans l’attente du soleil
****
6-Sortie de cage
****
9-Criquet sur pulsatille des alpes
****
7-Détails en douceur
****
8-Détails d’une belle ébouriffée
****
10- Détendue
(marmotte)
****
11-Le ciel dans ton regard
(marmotton)
****
12-Jeu chez les marmottons
****
Il y a ceux qui parlent et qui, sans le savoir et le préméditer, révèlent une vérité qu’ils ne comprennent pas eux-mêmes ; et il y a ceux qui recèlent la vérité en eux, mais qui ne la disent pas avec des mots.
Khalil Gibran ; Le Prophète, La parole (1923)
****
Superbes, comme d’habitude, Valérie, et d’un calme qui me fait du bien. Merci !
J’aimeJ’aime
Merci à toi. Heureuse de t’apporter un moment de calme, on en a tellement besoin.
Bon week-end
J’aimeAimé par 1 personne
Absolument splendide photos. Merci pour ce superbe partage.
Bises et bonne journée.
J’aimeJ’aime
Merci Isabel.On fait toujours de belles rencontres 🙂
Bon week-end, bises
J’aimeJ’aime
Quelles belles rencontres !!! Dommage pour ce vent très frais qui a dû te faire bouger… Une très belle histoire et de magnifiques photos. J’apprécie aussi la pulsatille des Alpes, superbe ! 🙂
J’aimeJ’aime
J’aime aussi la pulsatille. J’ai même une attirance pour elle quand elle est en graine comme sur la photo,bien qu’elle soit jolie aussi en fleur. C’est une fleur qui est tellement différente selon la période.
Bon week-end.
J’aimeJ’aime
Tu nous emmènes avec toi dans ton charmant récit et cette montée à la rencontre de la faune,de la flore et d’un soleil qui réchauffe après le froid que vous êtes allés chercher,pour ne plus être dans la fournaise de la vallée.La nature est pleine de contrastes et vous aussi.Vous fuyez la chaleur pour grelotter sur place et aller à la rencontre du soleil qui vous réchauffera mais je comprends très bien malgré tout. 😉
Je ne savais pas qu’il y avait des cactus en montagne et celui que tu as pris en photo est magnifique.Les pulsatiles sont pleines de douceur et les brins ébouriffés sont si légers et aériens.Les mouflons sont vraiment fascinants,ils regardent tous dans la même direction…….ils vous observent. 😀
Qu’elle est belle ta montagne,Val et tu me la fais aimer à travers tes mots et tes photos.
Belle fin de journée et à bientôt.Bisous.
J’aimeJ’aime
Bonjour Andrée,
Je l’aime ma montagne et je suis heureuse de la partager avec toi.
Ce n’est pas un cactus, mais une variété de centaurée.
Gros bisous à toi et j’imagine que tu profites des douceurs d’automne au jardin.
J’aimeAimé par 1 personne
En effet,Val,tu as deviné. 😉 Je profite des derniers beaux jours de l’automne pour planter de nouvelles espèces de fleurs au jardin en harmonisant les couleurs comme toujours. 😀
Bonne soirée et bon dimanche.
Gros bisous.
J’aimeJ’aime
tes récits sont comme tes photos: plein d’émotions! et j’adore car je les vis par procuration 🙂
c’est vrai que les contrastes de température et de lumière sont énormes en montagne (été comme hiver) et ça m’a toujours surprise
grâce à toi, j’ai pu replonger dans ces sensations et je t’en remercie 😉
des gros bisous, Val
J’aimeAimé par 1 personne
Coucou Malyloup,
L’émotion, c’est exactement ce que je trouve, surtout en montagne, mais l’émotion est même là le matin quand je promène Louna, elle est sous le moindre petit bout de nature. Ces derniers temps, je profitais un peu moins de tout ça (on a parfois des obligations contradictoires avec ce que l’on est ou ce que l’on aspire) et je sentais que petit à petit, j’étouffais. Je voyais un feu à qui on retirait l’air, un feu qui petit à petit s’éteignait.
Je me sens vivante dehors, là où l’émotion me nourrit.
Je suis heureuse de t’offrir ces lumières, ces contrastes et mes visions de l’instant par procuration.
Je te souhaite de belles journées. Gros bisous
J’aimeAimé par 1 personne
Une série absolument magnifique, on ne se lasse pas de regarder encore et encore.
J’aimeAimé par 1 personne
Merci beaucoup. Des lieux où je ne me lasse pas d’aller car à chaque fois, la vie y est différente.
Belle journée à toi.
J’aimeJ’aime
Une cueillette de moments magiques et de bonheur assuré! Ah, si ce vent n’avais pas été aussi cinglant, la rencontre aurait eu une autre tournure.
Merci pour la fraicheur et pour le partage, un délice de te lire!
Bisous xx
J’aimeJ’aime
Merci Anne.
La richesse est en ces lieux, tant sur la diversité que sur les émotions qu’ils procurent.
C’est ma source d’équilibre et de bien être tout ça, même quand le vent s’y met 😉
Bisous
J’aimeJ’aime
Oh Val jolie Val douce Val…Comment trouver des mots sur tant de beauté et tu sais comme « Amour maternel » fait battre mon coeur.. Tu arrives là avec tes mots et ces photos sublimes de tendresse,beauté,douceur,lumière à mettre un peu de paix dans mon coeur tourmenté..Merci ma belle amie de Haute Savoie…
Tendrement toi,Louna,Christophe,tes enfants,la Montagne,la Vie.
J’aimeJ’aime
Coucou Pascale,
Je prends le temps de répondre par ici car les matins sont bien sombres en ce moment et je fais mon tour un peu plus tard avant le travail, ce qui me donne un peu de temps devant l’écran.
Les tourments, c’est là haut qu’ils sont balayés ou minimisés. C’est là haut que la sérénité nous touche. A nous d’apprendre à la ramener avec nous tout le reste du temps.
Belle journée à toi et le froid arrive, les feuilles vont croustiller d’une autre façon sous nos pas 😉
Tendresse
J’aimeJ’aime
Magnifique retour sur cette excellente journée pleine de surprises, je me souviendrai toujours de cette immobilisation dans le froid que je ressentais d’avantage pour toi et ce chamois qui attendait le moindre mouvement. Les mouflons, les marmottes et toute cette flore était un véritable trésor 🙂
Plein de bisous et à plus tard 🙂 ❤
J’aimeJ’aime
Moi aussi je me rappellerai de ce froid et je tenterai de me rappeler de la chaleur suffocante de cet été lorsque je n’aurai plus de pieds 😉 bien que ça ne fonctionne pas.
J’aime ces trésors, j’en ai besoin.
Prépare toi à courir le jour où je ne les aurais plus. T’es prévenu 😆
Bisous mon ♥
J’aimeAimé par 1 personne
bonjour Val, ton récit est tellement prenant qu’on le vit avec toi, on ressent la fraîcheur avec toi, on aussi reste immobile que toi. il nous manque les bruits et les odeurs pour être plongé dans ton monde. Merci de nous faire vivre ces instants magiques. Belle fin de semaine à toi. Fabrice
J’aimeJ’aime
Avec bien du retard, merci.
Que serions nous sans ces instants là? ils sont si beaux, si forts qu’une fois qu’on y a goûté, on est perdu 😉
Belle journée à toi et je crois bien que le temps de sortir les pulls arrivent, encore de belles choses à découvrir.
Bises
J’aimeAimé par 1 personne
Pingback: Antipode par l’ancolie bleue 2 | jean-louis.riguet-librebonimenteur
Hello copine , un ti coucou par chez avec de magnifiques clichés !
Je prends possession gentiment de mon nouveau chez moi ! Ici aussi quelques sommets blancs hier matin !
Bisous copine , je te ferai coucou un de ces jour !
J’aimeJ’aime
Coucou,
Merci.
Je t’imagine en train de découvrir, de te régaler. Prépare toi, le froid arrive. A bientôt pour de nouveaux, beaux partages.
Bisous
J’aimeJ’aime
Il y a le contraste intense de température qui amène notre regard à appréhender les lieux autrement, la curiosité de la découverte, tes mots emplis de sagesse… tout cela avant même de partir à la rencontre du visuel… et là encore c’est puissant. Intense. Entre ombre et lumière comme souvent, comme un hommage constant à cette terre qui te parle tant, tout en contraste permanent où que se porte ton regard…
Je découvre la pulsatille et les merveilleux détails que tu nous offres sont comme des tableaux aériens… J’aime beaucoup!
Merci Val, c’est toujours des instants privilégiés de venir te lire.
Belle soirée à toi.
J’aimeAimé par 1 personne
Merci à toi Laurence.
C’est toujours plaisant de partager ces émotions là, ces respirations. Cette Terre, ces lieux sont vraiment la source qui m’équilibre, qui m’épanouit.
Tout le monde ne connait pas forcément les richesses qu’elle offre dans ces endroits perdus et il est important de pouvoir les partager.
En y réfléchissant bien, je suis amoureuse de la montagne. Je l’aime avec ses attentions, ses beautés, et son caractère qui peut être dangereux parfois, mais c’est au près d’elle que je suis bien, donc je pense que c’est de l’amour.
La pulsatile est particulièrement belle en cet état, quand elle est passé fleur et quelle devient semence. Une belle au vent qui ne soucie pas de son apparence, qui est juste là pour se laisser porter par le vent.
Belle journée à toi et merci de venir prendre l’air ici.
J’aimeAimé par 1 personne
Coucou Val, enfin je peux apprécier à nouveau tes mots et frisonner avec toi dans l’air froid de la hauteur. Et oui il ne s’agit pas de bouger le petit doigt sans que tes amis s’éloignent. Mais tu as plus d’un tour dans ton sac et j’adore ces photos en contre-jour. Les mouflons sont magnifiques et nous regardent intrigués.. l’oeil de la marmotte qui se transforme en appareil photo et la photo amusante où elle prends la pose…trop bien.
Flore qui fait rêver.. merci ma douce amie pour le bonheur que tu nous donnes.
Bon dimanche et bon début de semaine
Des bisous tout plein de chatou
J’aimeAimé par 1 personne
Bonjour Chatou,
J’aime particulièrement partager tout ça avec toi car tu connais ces instants là, ces émotions, donc je sais que tu comprends.C’est important de partager avec quelqu’un qui sait…
J’espère que tes lunettes sont parfaites pour toi et que tu peux à nouveau redécouvrir plein de choses sans te fatiguer les yeux.
Gros bisous et à bientôt.
J’aimeJ’aime