Aujourd’hui

Me voilà ici ce matin à emprunter un chemin, tout petit chemin par rapport à ceux que je fréquente habituellement, mais toujours dans la même direction; celle du beau, du bonheur de vivre.
Le chemin que j’emprunte actuellement est lisse, plat mais qu’il est bien plus complexe à mes yeux, à mon ressenti, que ces chemins escarpés qui usent mes semelles en temps normal.
La complexité de ce chemin est telle que je suis à l’écoute de tout et surtout de ce que je n’entendais pas auparavant. Pousser au maximum ses facultés. Se découvrir. Découvrir.
Toute situation a une face autre que celle mise en avant et je suis, un peu comme Alice, à la découverte de ce qui se cache derrière le miroir.

En ce moment, où mon chez moi n’est plus simplement le lieu de mon sommeil, mais mon lieu de vie, je découvre le plaisir encore plus infime du « petit rien ».
J’ai toujours aimé les petits riens et aujourd’hui, ils me le rendent bien car ils sont encore plus intenses sur mon chemin.
Normalement mon extérieur est immense et je ne suis qu’une petite chose qui le compose. Là, je prends une place bien plus importante sur ce qui est mon extérieur et je ne vous dis pas, au bout de deux mois en mode « sans bouger » la place que je risque de prendre 😆
Ce balcon, qui n’était qu’un balcon est devenu ma campagne, mon inspiration, ma source d’air libre. Il vient de prendre une place primordiale dans ma vie. Je ne regrette pas la forêt de sapins qui ne m’offre en cette saison qu’une heure de soleil, bien au contraire car elle me donne un repère plaisir dans la journée, celui du café au soleil.
Café au soleil, enfin quand il est présent, car ces jours, l’hiver est revenu mêlant brumes lancinantes avec bourrasques glacées.
Je découvre ce qu’est une journée à la maison et j’apprends à être en communion avec elle.
J’ai appris à ne faire qu’une chose à la fois afin que chaque chose soit faite à part entière en prenant bien le temps de composer l’instant.
Lorsque je bois mon thé, je bois mon thé et la lecture de mon téléphone se fera plus tard, puisque le temps est plus proche de moi qu’il ne l’a jamais été.
Je ne dirais pas que je prends le temps car je déteste cette expression, je dirais que le temps se donne à moi et que nous formons actuellement un couple qui se découvre sous un autre angle. Lui et moi sommes habituellement proche car j’ai choisi de vivre en harmonie avec lui mais j’atteins aujourd’hui une intimité qu’il ne m’avait jamais été donnée de partager avec lui. Je le découvre et il me pousse à regarder d’une autre façon, à me voir autrement, moi, celle qui a besoin de pousser ses limites en se fatiguant et bien je grandis et je joue avec mon moi.
Jeu qui est une façon de s’apprivoiser, de rendre la nudité de l’instant… belle.

Alors que le monde apporte les poussées explosantes et colorées du printemps, je me suis tournée vers la sortie, celle de « l’avant ».
Ce dimanche était le dernier sous le souffle de la liberté avec ce gout si bon d’insouciance. Nous avions ce gout aux lèvres, mais ne savions pas à quel point c’était un gout unique.
Ce jour là, nous étions encore nous deux. Nous étions donc là à pouvoir marcher dans la neige qui était à quelques mètres plus haut alors qu’au village le printemps s’invitait. Ici, on parle plus de distance en hauteur, qu’en longueur.
Effort, beauté, neige, liberté, bonheur, solitude au programme.

Je pense que ce seront les dernières traces de neige de la saison que je partagerai avec vous, même si son retour est prévu, mais je ne pourrai la photographier quand elle se posera sur les roches  ou lorsqu’elle viendra alourdir les épicéas. J’imaginerai.
Je souris en regardant les sommets blancs et leurs corniches, libres de traces humaines ces derniers jours. La nature est sereine et n’a à gérer que son évolution naturelle. Nous ne la dérangeons plus.
Elle s’exprime plus grande que jamais et moi, petite, je la regarde humblement. Révérencieusement, je la trouve belle dans sa grandeur, dans sa force incomparable. L’homme quant à lui, est plus  que jamais piteux.
Si la nature était mauvaise, nous pourrions l’entendre rire, se moquer de notre absurdité, mais je tends l’oreille et ce que j’entends est beau.
Le chant des oiseaux ponctue la mélodie du torrent, les fleurs avancent dans leur cheminement de vie, les brumes embrassent les roches en une danse fluide et moi, petite chose, j’avance enveloppée par cet éveil imperturbable, toujours dans le but de vivre.
En avançant dans cet éveil, bien que je sois physiquement sur place, je le sens m’habiter et me pousser dans le bon sens.

 

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1- En bas. Le temps posé.

 

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2- Chapeautés de légèreté

 

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3-Ombre/Soleil. L’éternelle opposition

 

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4- Désir ou l’Attente

 

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5- Tout un monde, tout mon monde

 

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6-Descente

 

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Nul ne peut atteindre l’aube sans passer par le chemin de la nuit.

Khalil Gibran

 

Dans le silence et la solitude, on n’entend plus que l’essentiel.

Camille Belguise